Vie et conscience

La vie cherche à se reconnaître au travers de l’expérience vivante.ob_810312_yvan

Soit elle cherche à se reconnaître en tant que mouvance, et ce ne peut être qu’au travers de l’action, du faire, soit elle cherche à se reconnaître en tant qu’Être et c’est alors au travers du repos.

Dans la voie de la Vie se reconnaissant dans l’action, il est nécessaire d’amener de la conscience dans le faire, c’est à dire dans la relation. Les expériences, en général, deviennent les occasions de cette conscience et non un état particulier ; c’est dans la mesure où la conscience, moteur de ces expériences, devient intuitivement consciente de sa nature en tant que vécu de ces expériences même, que l’Eveil se vit, que la Vie se reconnait dans son acte manifesté, et non dans la forme de telle ou telle expérience particulière.

Dans cette voie là, on appelle samadhi non un état particulier de la conscience mais la qualité de conscience qui prévaut au moment où celle-ci se reconnait dans une expérience quelle que soit la nature de l’expérience en cours.
 Le travail, la pratique consiste à passer de la conscience fascinée par l’objet à une conscience qui se reconnait dans la relation à ce qui n’est plus alors un objet séparé.

D’où la nécessité dans la voie du monde, la voie où la Vie se connait dans l’action, de prendre le risque de l’autre.

D’où l’insistance non sur la friction intérieure de ses états, mais la friction constante à l’autre comme occasion constante de reconnaître soit les mécanismes de la victime, soit le dynamisme du Réel – le vécu disciple.

Texte écrit par Yvan Amar, distribué à quelques-uns en Octobre 1991.

Retour d’où on n’est jamais parti

« Nous cherchons à l’extérieur ce qui nous attend déjà à la maison : le sens, la vérité, la paix, la joie, l’amour…Ce mouvement vers l’extérieur nous a tirés de notre centre.
Et ce fut l’exil et l’errance.
Et la souffrance.
Et la nostalgie.
Mais ce voyage était nécessaire en un sens.
Puis une voix se fait entendre :
« Cet effort est inutile. Reviens chez toi. »
Ou nous voyons un doigt pointer vers le centre.
Alors, le mouvement s’inverse et nous rentrons à la maison.
Comme si le fleuve remontait à sa source.
Comme si l’arbre retournait à la graine.
Nous revenons au fond de la vallée, à la racine des êtres.
Et nous constatons que nous ne sommes en réalité jamais partis.
Qu’il n’y a jamais vraiment eu de voyageurs.
Et que notre demeure est une maison vide qui contient le vaste monde. »
José Leroy

 

 

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L’expérience du monde avec émerveillement et gratitude

« Rien ne nous autorise à revendiquer la possession de notre corps. Curieux propriétaire qui n’a la pouvoir de choisir ni la forme ni la qualité de son bien et dont il ne décide ni de l’acquisition ni de la cession finale ! Pas davantage du bail de location … Il s’agirait plutôt d’une mise à disposition gracieuse, par la vie, d’un organisme conscient dont je peux jouir en « bon père de famille ». En l’envisageant ainsi, il incombe seulement de recevoir ce don inestimable qui permet de faire l’expérience du monde, avec émerveillement et gratitude, et d’en prendre soin, aussi longtemps qu’il durera ».

 
Christophe Massin
Moins d’ego plus de joie
P 54
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LA PEUR DE NOTRE RÉALITÉ LA PLUS PROFONDE

J’ai dit qu’on a peur de ce par quoi on est attiré, fasciné d’une manière ou d’une autre, et à quoi on résiste.Vous êtes tous attirés par cet infini qui est au fond de vous ou, mieux, que vous êtes, cette grandeur, cette immensité, cette non-dépendance, cette liberté de l’atman (le SOI). Et, en même temps, vous le refusez et vous restez attachés à cette limitation de l’individualité. Par conséquent vous vivez dans la peur. En dehors de toutes les peurs dues au relatif, en dehors de la peur fondamentale de la destruction tant que vous vous identifiez à un corps destructible et à un corps subtil symboliquement destructible par la haine des autres, l’échec, le mépris, la pauvreté, que sais-je, existe aussi une peur métaphysique : je suis infini, l’appel de l’infini est en moi et j’essaie de le refuser pour me maintenir dans cette étroitesse que seule, pour l’instant, je connais et qui est mon personnage limité, fait de l’identification à ma forme physique et à toutes les définitions : je suis une femme, je suis un bourgeois, je suis un intellectuel, je suis un ouvrier, je suis un beau garçon, je suis infirme, tout ce que nous pouvons nommer, nama-rupa en sanscrit, le nom et la forme.

Arnaud DESJARDINS extrait de « Pour une mort sans peur » paru à La Table Ronde

 

Arnaud+Desjardins

Satori c’est gris (Susuki)

Après une retraite de méditation avec Alain et Corinne Bayod, pendant laquelle plusieurs participants on pu vivre des expériences d’éveil, il est bon de rappeler que celui-ci n’est pas accompagné de chants angéliques ni de fanfares triomphantes avec des éclairs fulgurants. Nous avons tous eu des expériences d’éveil le plus souvent non validées comme telles.

 

 

Maitre Deshimaru raillait les occidentaux dans leur manière de considérer le satori (l’éveil dans la philosophie du zen). « Vous cherchez l’illumination façon feu d’artifice ou son et lumière au château de Versailles. Vous rêvez au Nirvana béat et absolu. Vous ne parlez que d’atteindre le satori comme si c’était une porte à franchir pour que tous les problèmes soient réglés à jamais. mais si vous y prenez garde, vous verrez que l’on a des satoris quotidiens : de petits satoris (mimés par l’espace entre le pouce et l’index, de grands satoris (il écarte les bras grands ouverts). En effet , tous les jours, à la suite d’une phrase entendue, d’une chose vue, d’un sourire, d’un événement particulier, vous passez par des prises de conscience, ce sont là des satoris. Et, concluait-il, la pratique du zen est  satori.

 

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OUI

(Arnaud Desjardins parle de la transformation profonde que certains appellent « éveil ») :

« Cela n’est pas une compréhension intellectuelle, c’est une expérience de vie. Et pourtant ce sont les mots qui m’en ont rapproché. Je disais à l’instant : approche apophatique – négation. « Je ne suis pas le mental, je ne suis pas l’ego, je ne suis pas la mémoire inconsciente (…), je ne suis même pas l’intelligence. » Si nous parlons d’approche négative, nous faisons immédiatement intervenir le petit mot « non », »non », « non ». Et pourtant, le maître mot de la vie c’est « oui ». Tout est vrai en même temps.

Tiré de « Tu es cela » La table ronde 1980 paru depuis en poche. Arnaud Desjardins accueil

les aigles et les dindes

Un autocollant familier sur les pare-chocs, aux États-Unis, dit :  » Il est difficile de voler comme un aigle quand vous êtes entourés de dindes. » Le bouddhisme enseigne que notre environnement reflète notre état intérieur. Le bouddhisme suggère donc que, si vous êtes entourés de dindes, il est très probable que, au lieu d’être l’aigle que vous croyez, vous êtes vous mêmes une dinde. Et, par extension, votre environnement est celui d’un élevage de dindes. le problème n’est pas, cependant , que vos consœurs les dindes vous empêchent de vous envoler. C’est plutôt que vous devez vous transformer vous-mêmes en l’aigle que vous désirez être.

Tiré de : « Le bouddha dans votre miroir »  de Hochswender,  Martin et Morino paru chez L’Harmattan 2008

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Confiance en la vie

« Dans mon bref passage sur cette planète, j’ai connu une grande peine, j’ai plongé dans les profondeurs d’un désespoir océanique, j’ai été jeté si profond dans ma solitude que j’ai pensé ne jamais en revenir.
J’ai goûté les joies extatiques de la méditation, l’intimité houleuse de l’amour, les douleurs sauvages du chagrin, l’excitation d’un succès inattendu, et les coups d’un échec soudain.
Il y a eu des moments où j’ai pensé que je n’y arriverais jamais, des moments où mes rêves avaient été si complètement détruits que je ne pouvais même pas imaginer comment la vie pourrait continuer. Pourtant, elle a continué et, parfois, j’ai trouvé de l’humilité dans la dévastation; et sortant des cendres des futurs imaginés, des joies ont souvent grandi, nouvelles et présentes, et aucune expérience n’a été gaspillée.

J’en suis venu à avoir complètement confiance en la vie, à avoir confiance même les fois où j’oubliais comment vraiment faire confiance; à avoir confiance dans le fait que la vie ne suit pas toujours un plan, parce qu’il n’y a pas de plan, uniquement la vie; et que même les moments de grande incertitude détiennent une suprême intelligence et que parfois on doit tomber pour se tenir debout avec moins de peur, et plus de bonté.
Et d’une certaine façon, je suis toujours tenu, d’une manière que je ne peux ni ne veux expliquer.
Je pourrais bien encore une fois, et dans pas longtemps, être écrasé, je pourrais encore faire l’expérience d’autres défis apparemment insurmontables et d’autres chagrins, mais d’une certaine manière, je suis toujours tenu. »

Jeff Fosterindex

Je n’ai rien qu’aujourd’hui Thérèse de Lisieux

Dans un langage inscrit dans la culture catholique de l’époque, un éloge de l’éternité du présent. Un élan de lucidité et d’amour universel.
Ma vie n’est qu’un instant, une heure passagère
Ma vie n’est qu’un seul jour qui m’échappe et qui fuit
Tu le sais, ô mon Dieu ! pour t’aimer sur la terre
Je n’ai rien qu’aujourd’hui !…
 
 Oh ! je t’aime, Jésus ! vers toi mon âme aspire
Pour un jour seulement reste mon doux appui.
Viens régner dans mon coeur, donne-moi ton sourire
Rien que pour aujourd’hui !
 
 Que m’importe, Seigneur, si l’avenir est sombre ?
Te prier pour demain, oh non, je ne le puis !…
Conserve mon cœur pur, couvre-moi de ton ombre
Rien que pour aujourd’hui.
 
Si je songe à demain, je crains mon inconstance
Je sens naître en mon coeur la tristesse et l’ennui.
Mais je veux bien, mon Dieu, l’épreuve, la souffrance
Rien que pour aujourd’hui.
 
 Je dois te voir bientôt sur la rive éternelle
O Pilote Divin ! dont la main me conduit.
Sur les flots orageux guide en paix ma nacelle
Rien que pour aujourd’hui.
 
 Ah ! laisse-moi, Seigneur, me cacher en ta Face.
Là je n’entendrai plus du monde le vain bruit
Donne-moi ton amour, conserve-moi ta grâce
Rien que pour aujourd’hui.
 
 Près de ton Coeur divin, j’oublie tout ce qui passe
Je ne redoute plus les craintes de la nuit
Ah ! donne-moi, Jésus, dans ce Coeur une place
Rien que pour aujourd’hui
 
 Pain Vivant, Pain du Ciel, divine Eucharistie
O Mystère sacré ! que l’Amour a produit….
Viens habiter mon cœur, Jésus, ma blanche Hostie
Rien que pour aujourd’hui.
 
 Daigne m’unir à toi, Vigne Sainte et sacrée
Et mon faible rameau te donnera son fruit
Et je pourrai t’offrir une grappe dorée
Seigneur, dès aujourd’hui.
 
 Cette grappe d’amour, dont les grains sont des âmes
Je n’ai pour la former que ce jour qui s’enfuit
Ah ! donne-moi, Jésus, d’un Apôtre les flammes
Rien que pour aujourd’hui.
 
 O Vierge Immaculée ! C’est toi ma Douce Étoile
Qui me donnes Jésus et qui m’unis à Lui
O Mère ! laisse-moi reposer sous ton voile
Rien que pour aujourd’hui.
 
Mon Saint Ange gardien, couvre-moi de ton aile
Éclaire de tes feux la route que je suis
Viens diriger mes pas… aide-moi, je t’appelle
Rien que pour aujourd’hui.
 
Seigneur, je veux te voir, sans voile, sans nuage,
Mais encore exilée, loin de toi, je languis
Qu’il ne me soit caché, ton aimable visage
Rien que pour aujourd’hui.
 
 Je volerai bientôt, pour dire tes louanges
Quand le jour sans couchant sur mon âme aura lui
Alors je chanterai sur la lyre des Anges
L’Éternel Aujourd’hui !…
Tiré du blog d’Alain et Corinne Bayod : http://ipapy.blogspot.com/
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Lâcher-prise : c’est moi qui lâches ?

Extrait du livre de Daniel Morin  :

« Maintenant ou jamais  » Éditions  Accarias L’originel 2013

( Conversation entre Alexandre Jollien et Daniel )

Alexandre : Donc l’acceptation peut être un leurre si on la voit comme une approbation à donner à une situation vécue.

Daniel : Oui, tout à fait, parce que celui qui croit pouvoir dire oui ou non à une situation ne met pas en doute le faux moi (…)

A : Est-ce que ça fonctionne pareil avec le lâcher prise ?

D : Lâcher implique que tu tiennes quelque chose. La vraie question est : qu’est-ce que tu tiens ? Bien souvent, ce que les gens tiennent, ce sont leurs idéaux, leurs croyances. Ils n’ont aucune envie de la lâcher ! Lâcher, c’est ouvrir. Si tu tiens par exemple un bâton au-dessus d’une falaise, et que tu le lâches, il va tomber dans le vide. Mais si tu te tiens d’une main à une branche sur la paroi au-dessus du ravin, le fait de lâcher n’aura pas la même conséquence. Le véritable lâcher-prise, c’est lâcher moi.Ce n’est pas moi qui doit lâcher.

 

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